Les années des titans

Une poignée dhommes reviennent sur ces lieux sombres et magiques dans la haute montagne valaisanne où la lutte contre les forces de la nature a transformé leur vie.

Entre 1950 et 1966, des milliers dhommes partent dans la haute montagne valaisanne, dans un paysage primitif de rochers et de glace. Ils y érigent une civilisation passagère: baraquements à flanc de coteau ressemblant à des monastères tibétains. Depuis là, ils dynamitent la roche sous le Cervin et dautres sommets imposants pour creuser un labyrinthe de galeries long de 160 km afin damener leau de 35 glaciers vers le barrage le plus élevé du monde: la Grande Dixence. En hiver, quand les galeries derrière les portails en acier blindé ne sont pas inondées de plusieurs mètres deau de fonte, un dernier groupe dhommes retourne à ces endroits magiques. Luttant contre les forces de la nature, ils ont arraché à la montagne le lit de fleuve souterrain avec ses multiples ramifications en affrontant des conditions de travail extrêmes.
Des mineurs et des intellectuels tels que lécrivain Maurice Chappaz refont le parcours à travers cet interminable gouffre noir à la recherche des lieux où se dressaient autrefois les baraquements surpeuplés dont aujourdhui, seules quelques ruines témoignent encore. Cest ici quils se sont surpassés eux-mêmes. La confrontation avec leurs propres limites physiques et psychiques marque à jamais la vie de ces hommes. Ils ont surmonté des crises existentielles et échappé à la misère de leurs familles. Ici, ils ont trouvé leur avenir et des amitiés pour la vie, mais également la solitude, la maladie et la mort. Ils y retournent pour découvrir dans les ténèbres sous les cimes et dans les déserts glaciaux de la haute montagne, leurs propres vestiges. Leur uvre surhumaine devient le reflet de lhomme dépassant ses propres limites et de sa vulnérabilité.

«Pour moi, ce film est important, puisquil parle de la vie.» Maurice Chappaz, écrivain

«Voilà un témoignage sobre et magnifique de ce quont accompli ces pionniers qui ont construit nos barrages. Edgar Hagen présente une tranche de vie passionnante. Chacun devrait aller voir ce film, ne serait-ce pour connaître le prix payé par certains pour bénéficier du confort de notre civilisation.»
Cilette Cretton, Directrice pédagogique de lenseignement obligatoire/Vaud

«Economes dans le mot et généreux dans l'émotion, ces hommes-là sont la preuve que l'épopée est possible. Ils ont dompté les montagnes et les hivers, ils ont apprivoisé l'eau. Leur folie volontariste nous laisse un mur énorme comme souvenir, et le rêve de leur ressembler un peu.» Arianne Dayer, Rédactrice en chef L'Hebdo

«En ce début des années 50, ils ont 16 ans, ils viennent dItalie et du Valais. Les galeries promettent de largent. Le salaire à la tâche augmente au même rythme que la vitesse de lavancement et le risque aussi. Dans les galeries, ils attrapent la silicose. La peste noire obstrue leurs voies respiratoires. Rapidement pour les uns, plus lentement pour les autres, quelques-uns sont épargnés. En compagnie de quelques survivants, Edgar Hagen retourne dans les galeries et dans les cimetières et leur fait raconter leur histoire impressionnante. Une tranche dhistoire mouvementée et émouvante.» Peter Bodenmann